Avec sa « gueule de cinéma » burinée et taillée à la serpe, l’acteur américain Charles Bronson fut sur les écrans, des années 1950 aux années 1980, une icône de virilité, à travers des rôles de soldat, de justicier, et le plus souvent d’Indiens. Hommage.

Si l’acteur est toujours resté dans l’ombre de son homologue Clint Eastwood, souvent cantonné par son physique à des rôles ethniquement marqués, Charles Bronson – Charles Dennis Buchinsky de son vrai nom – a malgré tout laissé une trace dans l’imaginaire de nombreux cinéphiles, jouant dans de grandes œuvres aujourd’hui incontournables du 7e art, comme Les Sept Mercenaires, La Grande Évasion et, bien sûr, Il était une fois dans l’Ouest.

Ce 3 novembre 2021, l’acteur aurait célébré son 100e anniversaire. L’occasion pour nous d’un retour sur sa carrière, à travers trois petites anecdotes cinématographiques.

1/ « La grande déception »

Avec La Grande Évasion, le réalisateur John Sturges signe sa troisième collaboration avec Charles Bronson, après La proie des vautours en 1959 et le « cultissime » Sept mercenaires en 1960, remake américain du chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa : Les sept samouraïs.

Mais John Sturges offre le rôle principal de son film à Steve McQueen : La Grande Évasion marque pour ce dernier le début d’une longue ascension vers la gloire, suscitant la colère et la jalousie de Bronson, toujours relégué au second plan.

Néanmoins, Charles Bronson est d’une aide précieuse sur le tournage. Incarnant le rôle du chef tunnelier, il peut donner de précieuses informations techniques au réalisateur, puisque Bronson était mineur avant d’être acteur. Le plus ironique dans tout ça, c’est que, comme son personnage, Charles Bronson souffrait gravement de claustrophobie…

2/ Le refus de Clint Eastwood

Pour son film Il était une fois dans l’Ouest, Sergio Leone souhaite reformer son trio d’acteurs – Clint Eastwood, Eli Wallach et Lee Van Cleef – à la suite du succès de son précédent western : Le Bon, la Brute et le Truand. Mais contre toute attente, bien qu’il doive sa célébrité au réalisateur italien, Clint Eastwood refuse.

Leone cherche alors qui peut le remplacer… Il pense notamment à Warren Beatty, Terence Stamp, et même à Jean-Paul Belmondo, avant d’offrir le rôle à Charles Bronson. C’est ainsi que ce dernier décroche l’un de ses rôles les plus marquants, celui de l’inoubliable « Homme à l’harmonica ».

Ironie du sort : quatre ans plus tôt, Sergio Leone avait déjà proposé à Charles Bronson le rôle principal de son western Pour une poignée de dollars, proposition que l’acteur déclina. On connaît la suite de l’histoire…

3/ Un justicier dans la ville, un casting laborieux

Si Charles Bronson a déjà atteint une certaine renommée en Europe, grâce aux films de Sergio Leone et de René Clément, il doit attendre 1972, avec Un justicier dans la ville de Michael Winner, pour finalement conquérir les États-Unis, à l’âge de cinquante-deux ans.

Mais à l’origine, le rôle du célèbre justicier n’est pas du tout écrit pour Bronson. Après un premier choix porté sur Jack Lemmon, Michael Winner propose le rôle à Henry Fonda qui refuse l’offre, trouvant le script tout simplement « repoussant ». Il se tourne ensuite vers Georges C. Scott qui hésite avant de renoncer, jugeant le scénario « trop violent ».

Lorsqu’il finit par se tourner vers Charles Bronson, c’est l’auteur du roman dont le film est inspiré, Brian Garfield, qui s’oppose à ce choix de casting, pensant que Charles Bronson va dénaturer la complexité du personnage : « C’est une connerie : dès qu’on le voit apparaître à l’écran, vous savez qu’il va éclater les gens », expliquait l’auteur.

Charles Bronson, lui-même, n’est au départ pas très enthousiaste : « Le rôle était décrit comme un minable comptable new-yorkais, à la Dustin Hoffman. Le réalisateur Michael Winner m’a convaincu qu’il en ferait un architecte plus viril et que nous ferions tous un paquet de fric. »

Il est alors loin de se douter que ce personnage lui collera à la peau jusqu’à la fin de sa carrière, puisqu’il tourne quatre suites à ce film. Le cinquième volet, Le Justicier : l’Ultime combat, sorti en 1994, est même le dernier film de l’acteur américain qui meurt neuf ans plus tard, à l’âge de quatre-vingt-un ans.

Maïlys GELIN