La scénariste et réalisatrice française Danièle Thompson, qui a fêté ses 80 ans le 3 janvier dernier, présidera la 47e cérémonie des César, le 25 février prochain, à l’Olympia.

Publié le 3 janvier 2022
Actualisé le 1er février 2022 

Depuis ses débuts au milieu des années 1960, dans l’ombre de son père Gérard Oury, jusqu’à aujourd’hui, elle s’est construit une filmographie originale, remarquable et unique.

Alors, à l’occasion de cette annonce, voici notre minute hommage en trois temps.

1/ 3 janvier 1942 : une naissance en pleine Seconde Guerre mondiale

Gérard Oury est issu de familles juives, aussi bien par son père que par sa mère. Lorsque naît sa fille Danièle, qu’il a avec l’actrice Jaqueline Roman, il décide de ne pas la reconnaître, afin de lui éviter les persécutions : la nouvelle-née prend ainsi le nom de sa mère, alors que la famille s’est réfugiée à Monaco.

2/ 1966 : La Grande Vadrouille

La Grande Vadrouille marque le début d’une longue coopération de la jeune femme à l’œuvre de son père, en tant que co-scénariste. Danièle Tannenbaum s’appelle désormais Danièle Thompson, du nom de son mari américain, Richard, rencontré aux États-Unis – où elle vit depuis plusieurs années avec sa mère, après la rupture entre ses parents.

Le scénario de La Grande Vadrouille est une histoire longue et complexe. Après une première version de Gérard Oury et Jean-Charles Tacchella, le premier décide de la reprendre et s’adjoint les services de Marcel Jullian, puis de sa fille – qui va également faire une apparition comme figurante, non créditée, dans le film.

« Un scénario, c’est un petit peu comme la construction d’une maison, déclare-t-elle dans une interview avec Yves Calvi sur RTL, le 5 février 2014. Si vous faites un appartement témoin et qu’il n’y a rien en dessous, on ne peut pas y vivre. […] La vraie prise de risque au départ pour un producteur, c’est le scénario, parce qu’il s’agit de donner de l’argent à une personne sans savoir ce qu’il va écrire, s’il va réussir… »

C’est la première collaboration d’un (très) longue série, puisque Danièle Thompson co-écrit pas moins de onze scénarios avec son père par la suite, et non des moindres : Le Cerveau, La Folie des grandeurs, Les Aventures de Rabbi Jacob ou encore L’As des as.

3/ 1999 : La Bûche

C’est à la veille du nouveau millénaire que celle qui a écrit tant de scénarios de films devenus cultes – de La Boum de Claude Pinoteau à La Reigne Margot de Patrice Chéreau – se décide à passer derrière la caméra, à troquer la mise à l’écrit par la mise en scène.

La Bûche est son premier film : un drame familial qui rassemble une mère et ses trois filles au moment de Noël. La distribution est exceptionnelle : Françoise Fabian interprète la matriarche tandis que Claude Rich endosse le rôle de l’ex-mari ; les trois filles sont jouées par Emmanuelle Béart, Sabine Azéma et Charlotte Gainsbourg, qui obtient à cette occasion le César de la meilleure actrice dans un second rôle. À noter également la présence de Jean-Pierre Darroussin, Isabelle Carré, Samuel Labarthe et Thierry Hancisse, de la Comédie-Française. La musique est signée Michel Legrand.

À la suite de ce premier long-métrage, Danièle Thompson assume son nouveau statut de réalisatrice et tourne cinq autres films, dont Fauteuils d’orchestre en 2006, avec Cécile de France, Albert Dupontel, Valérie Lemercier et Claude Brasseur, et Cézanne et moi en 2016, avec Guillaume Canet en Zola, Guillaume Gallienne en Cézanne et Sabine Azéma.

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Danièle Thompson a reçu le prix René-Clair pour l’ensemble de son œuvre en 2011, devenant la troisième femme, après Agnès Jaoui (co-lauréate avec Jean-Pierre Bacri) et Agnès Varda, à se voir couronnée depuis la création de la récompense en 1994. Depuis, seules deux autres femmes ont été récompensées : Anne Fontaine et Valeria Bruni-Tedeschi.

Maussano CABRODOR

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