L’éditeur BQHL vient de faire paraître pour la première fois en DVD la grande fresque consacrée par le réalisateur John G. Avildsen à l’Apartheid : une œuvre plaisante, servie par la musique de Hans Zimmer, mais qui manque un peu d’ambition intellectuellement.
Le 30 juin 1991, la politique de l’Apartheid est abolie en Afrique du Sud, après quarante-trois d’application. L’année suivante sort dans les salles de cinéma La Puissance de l’ange – traduction française ridicule du titre original : Le Pouvoir de l’union, qui avait le mérite d’une polyphonie de sens –, adaptation de l’imposant roman populaire de Bryce Courtenay paru en 1989.
Synopsis – L’Afrique du Sud de la fin des années 1930. Son père mort, P.K. n’a que six ans lorsque sa mère l’envoie dans un orphelinat afrikaner où, pour être anglais, il subit brimades et violences. Bien que son grand-père finisse par l’accueillir, deux autres hommes forgent son caractère : « Doc » Von Vollensteein, un réfugié allemand féru de botanique et de musique, et ensuite Geel Piet, un prisonnier noir qui le forme si bien à la boxe qu’il participe à plusieurs combats organisés par les autorités carcérales. Un champion est né. Quand viendra le jour de choisir entre le régime abject de l’Apartheid et ses frères noirs, P.K. n’hésitera pas un seul instant…
Ce résumé exprime en lui-même la force et la faiblesse de l’œuvre du réalisateur américain John G. Avildsen (1935-2017) – surtout connu pour son film Rocky, pour lequel il remporte l’Oscar du meilleur réalisateur, ainsi que pour sa trilogie des Karaté Kid. Il déroule une belle fresque historique, servi par l’émouvante musique de Hans Zimmer, réveillant en nous l’héroïsme et le sens de l’engagement, ce qui ne peut jamais faire de mal. Les paysages sont évidemment superbes, le divertissement tient sa juste place : nous voilà désireux de nous battre pour la justice !
Toutefois, cette œuvre manque d’ambition intellectuellement. Un manichéisme est présent à tous les étages : les gentils sont très bienveillants (Morgan Freeman dans le rôle de Geel Piet) et les méchants, sadiques à souhait (Daniel Craig dans le rôle de l’Afrikaner nazillon). Difficile d’y trouver les subtilités inhérentes au cœur humain, qui est rarement tissé d’une seule et unique intention, qu’elle soit bonne ou mauvaise.
Le Puissance de l’ange est ainsi un film plaisant à regarder, qui ne fait pas l’impasse sur la cruelle réalité de l’Apartheid en Afrique du Sud. Pour approfondir cette dernière réalité et ses conséquences (et plus spécifiquement la chute d’un monde), nous recommandons néanmoins davantage les romans du grand écrivain afrikaner, Karel Schoeman.
La Puissance de l’ange (The Power of One), États-Unis – France – Australie, 127mn (VF/VOST)
Réalisation : John G. Avildsen
Avec Morgan Freeman, Stephen Dorff, Daniel Craig
Scénario : Robert Mark Kamen, d’après le roman de Bryce Courtenay
Musique : Hans Zimmer
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