À l’approche des élections régionales, l’APARR, qui rassemble les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel en Bourgogne-Franche-Comté, adresse une lettre ouverte aux candidats, appelant à une politique artistique et culturelle plus ambitieuse pour la région.
Créée en 2005, l’APARR, Association des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel en Bourgogne-Franche-Comté, compte une centaine d’adhérents et joue un rôle de facilitateur pour les mille sept cents professionnels actifs sur le territoire régional.
Co-présidée par Didier Rolot pour le collège techniciens-artistes interprètes, Julia Pinget et Jean-Baptiste Benoît pour le collège auteurs-réalisateurs, Léa Daloz pour le collège acteurs culturels et Edith Farine, pour le collège des producteurs, elle intervient en soutien aux acteurs de la filière.
Vingt ans de structuration

Didier Rolot (crédits Morgane Macé – Profession Spectacle)
À sa création, l’association regroupe essentiellement des producteurs. « C’était au départ l’Association des producteurs audiovisuels Rhin-Rhône, mobilisée pour faire en sorte que les gens qui travaillent dans le milieu du cinéma puissent en vivre et trouver des occasions de tournage en région, retrace Edith Farine, présidente du collège producteurs. Puis, ça s’est transformé pour pouvoir accueillir tous les métiers de la filière. »
Vingt-et-un ans plus tard, l’APARR a diversifié ses missions, en véritable de tête de pont pour toute la filière : mise en réseau des professionnels, accompagnement et développement des compétences, collecte d’information, dialogue avec les tutelles…
La fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté n’a pas créé de difficultés. « Historiquement, les deux régions travaillaient déjà ensemble sans être attachées, rappelle Didier Rolot, chef électricien et président du collège techniciens-artistes. L’APARR a toujours eu des directions et des adhésions qui venaient des deux régions, bien avant la fusion ».
APARR’té, les rencontres
La structure organise ses premières rencontres régionales, nommées APARR’té, du 1er au 3 octobre prochains à Autun : trois jours d’échanges et de projections (deux jours pour le public, trois jours pour les professionnels) sont prévus autour du cinéma et de l’audiovisuel en région.
Un travail important de sélection et de valorisation des œuvres régionales est par ailleurs mené par le dispositif »Docs ici, Courts là », comme en témoigne la réalisatrice de documentaires Julia Pinget, membre depuis trois ans du conseil d’administration de l’APARR dont elle co-préside le collège auteurs-réalisateurs. « Globalement le réseau des salles s’étoffe, constate-t-elle. Il y a de nombreuses salles de cinéma dans des villes moyennes, voire petites, qui font un travail formidable. Il y a également une énorme diversité de festivals… Je fais notamment partie de l’association Ciné Pause qui est ancrée dans un milieu rural, dynamisée par des gens passionnés de cinéma. »
Malgré le départ des Rencontres cinématographiques de l’ARP, qui se tenaient jusqu’alors à Dijon, ou encore l’arrêt du Festival international du film policier de Beaune, d’autres événements gagnent en visibilité, telle la toute première édition du festival Tremplin à Besançon, qui valorise la jeune création, ainsi que les rendez-vous implantés depuis plus longtemps comme le Festival international des cinémas d’Asie à Vesoul, les Écrans de l’aventure à Dijon ou encore Entrevues, le festival international du jeune cinéma indépendant et novateur, à Belfort.
La région au rattrapage…
Avec un budget annuel de 146 000 euros en 2021, l’APARR est financée par le Conseil régional, le CNC et la DRAC. Dans son Livre blanc, outil de travail fourni, rédigé en 2019 par les membres des quatre collèges de l’association, une liste de propositions détaillée vise à améliorer le fonctionnement de la filière. « Il y a plein de choses à revoir au niveau du fonds d’aide au cinéma et à l’audiovisuel notamment, qui est le moins doté de toutes les régions », relève Julia Pinget.
Dans le contexte des élections régionales, l’APARR a de nouveau annoncé ses objectifs dans une Lettre aux candidats. Parmi ces derniers, celui de passer d’un montant d’aides de 0,50 € par habitant, à 1 € par habitant, quand la moyenne est de 1,15 € dans les autres régions.
« Si, au niveau régional, ce fonds a doublé entre le début et la fin de la mandature de l’équipe actuelle, cela s’explique parce que la région a fusionné, explique Edith Farine. C’est une sorte de rattrapage ou de remise à niveau ! Le fonds d’aide fut l’un des derniers à être créé, en 2005, alors qu’il existait déjà dans toutes les régions. La lanterne rouge était en Bourgogne, car la Franche-Comté avait déjà un fonds d’aide et fut historiquement la première à le mettre en place. »
Autre trou noir pointé par la productrice : la Bourgogne-Franche-Comté est l’une des seules régions qui n’est pas dotée d’un diffuseur distinct du diffuseur public qu’est France Télévision. « Une télévision locale, outre le fait d’être un canal de diffusion important, pourrait être un soutien et venir en appui à la production. »
En un peu plus de vingt ans d’existence, l’APARR a donc élargi son champ d’activités à toutes les corporations de métiers relatifs à la filière de l’audiovisuel et du cinéma, en région Bourgogne-Franche-Comté. Si l’association poursuit son travail de dynamisation de la filière sur chaque territoire, certains choix politiques pourraient lui permettre de renforcer ce soutien à la création.
Correspondante Bourgogne-Franche-Comté
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Portrait de Didier Rolot : Morgane Macé / Profession Spectacle