Vous ne comprenez rien au data, au Bitcoin, aux cryptomonnaies, aux NFT ? Cette série est faite pour vous ! Elle s’intitule Le mystère Satoshi, aux origines du Bitcoin. 6 épisodes de 10 à 15 minutes seulement : elle est pour moi l’une des plus passionnantes séries documentaires coproduites par Arte à ce jour. Et elle est disponible pour plus de deux ans encore.
À l’ère de l’internet, un groupe d’informaticiens de San Francisco, les Cypherpunks, cherche à coder une monnaie électronique anonyme et autonome, libre, directe, sans intermédiaire. Tous échouent, à l’exception d’un certain Satoshi Nakamoto qui publie, en pleine crise des subprimes, un code à la fois mystérieux et d’une grande simplicité : le bitcoin est né.
Parue en novembre dernier sur la plate-forme Arte et disponible en libre accès jusqu’en octobre 2024, la série Le mystère Satoshi, aux origines du Bitcoin est une merveille de pédagogie par la qualité de ses explications, d’intelligence par la prise en compte des enjeux – économiques, politiques, sociaux, culturels – posés par les cryptomonnaies, et de créativité, par la subtile alliance entre le connu et l’inconnu, c’est-à-dire entre les témoignages, les faits certifiés, et la part d’énigme liée à Satoshi Nakamoto, dont on ignore encore aujourd’hui l’identité, s’il s’agit d’une personne isolée ou d’un groupe organisé.
Satoshi Nakamoto a en effet choisi de totalement disparaître, afin que son invention n’ait aucune figure tutélaire connue, c’est-à-dire aucune autorité implicite, et qu’elle vive donc sans lui, par la volonté collective.
Co-écrite et réalisée par Rémi Forte, cette excellente série ne constitue pas seulement un récit historique de l’invention du bitcoin, qui bouleverse le monde encore aujourd’hui ; elle est aussi construite comme un thriller, porté par la voix grave de Thibault de Montalembert, l’acteur phare de la série Dix pour cent, et par la musique électronique – à l’effet dramatique bien travaillé – de Grégoire Terrier.
Nous sommes captivés de bout en bout par cette épopée virtuelle des temps modernes, qui voit les empires financiers et les puissances politiques vaciller sous l’effet d’une invention que nul ne prend au sérieux à l’origine. Vient alors le temps de la riposte, de l’intimidation, de la récupération ; viennent les luttes et les questionnements sociétaux, qu’ils soient écologiques, à l’échelle de la planète, ou démocratiques, par la capacité des êtres humains à s’emparer d’une technologie tellement pointue qu’elle n’est accessible qu’à quelques-uns.
C’est tout cela que traite, en un peu plus d’une heure au total, Le mystère Satoshi. Où se situe la liberté ? Quelles sont les justes relations entre la personne et la communauté ? Entre la personne et le pouvoir, économique et politique ? Comment penser la relation de confiance quand les intérêts de chacun s’entrechoquent ? Le plus frappant, dans cette série, est finalement de plonger dans un monde qui nous échappe, tout en retrouvant les problématiques qui secouent à la fois la philosophie depuis ses racines antiques et nos existences depuis l’émergence de nos premiers questionnements.
Je vous renvoie à ce sujet à l’entretien que j’ai mené avec le philosophe Emmanuel Tourpe, fin connaisseur de ces problématiques, dans le cadre de l’émission Parole à l’œuvre parue en mars dernier sur notre chaîne.
Pour résumer : Le mystère Satoshi est une série remarquable, de la première à la dernière seconde.
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Voir la série sur Arte : Le mystère Satoshi, aux origines du Bitcoin
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