Tenant d’une photographie sociale et « humaniste », Mario Carnicelli s’est vu remettre le prix par Charlotte Rampling, ainsi qu’un chèque de 60 000 euros, ce qui en fait l’une des récompenses les plus importantes en Europe.
Dans son discours inaugural, à l’occasion du dévoilement du lauréat, la collectionneuse et ancienne galeriste Viviane Esders revient sur les raisons qui l’ont poussée à créer son prix : il existe quantité d’aides et de distinctions pour la photographie émergente et pour les artistes de moins de trente ans, mais rien ou presque pour la génération qui lui a donné ses lettres de noblesse depuis les années 1960. Elle décide donc de créer un prix spécial qui récompense un photographe européen de plus de soixante ans.
Il faut dire que Viviane Esders entretient un rapport intime avec quantité de photographes de tous âges et de tous pays depuis son entrée dans le monde de l’art, en 1976, à l’occasion d’une visite à Andy Warhol et ses compères de La Factory. Son impressionnante carrière a notamment été retracée dans un passionnant entretien à Profession Culture.
Les photographes finalistes de cette première édition du prix étaient les Français John Batho et Florence Chevallier, le Libanais Fouad Elkoury, le Polonais Tomasz Tomaszewski et l’Italien Mario Carnicelli – tous artistes de grand talent, présentant des travaux à l’esthétique très diverse. C’est ce dernier qui a finalement remporté le prix, remis par l’actrice britannique Charlotte Rampling, membre du jury.
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Mario Carnicelli (© Pierre Gelin-Monastier)
Né à Atri, dans les Abruzzes, en 1937, Mario Carnicelli est tombé dedans quand il était petit. Sa famille tient un magasin de travaux photographiques, de sorte qu’il est fasciné très jeune par la chambre noire. À l’âge de quatorze ans, il commence à prendre de premières photos, avec son père et son frère, pour devenir rapidement le principal photographe du studio familial, notamment grâce à des prises de vue en extérieur et son approche parfois documentaire.
Il couvre pendant de nombreuses années un grand nombre d’événements publics, de manifestations, de fêtes du travail, de réunions politiques et syndicales, en visant toujours une approche qu’il qualifie de « humaniste ».
« Son style est guidé par une démarche très instinctive, ayant eu peu de chance de connaître le panorama photographique international de l’époque, sinon à travers des revues et surtout par sa passion pour le cinéma », nous explique les organisateurs du prix, dans une succincte fiche de présentation.
Mario Carnicelli travaille comme pigiste et correspondant spécial pour divers magazines et journaux, tout en assurant une activité importante pour les touristes et les locaux, du côté de Pistoia et Florence.
En 2010, il ferme boutique et se consacre à son fonds propre : il a pris et colligé des centaines de photographies au fil des ans, véritable témoignage d’une époque s’étendant sur près de soixante ans. En 2014, il publie un livre d’artiste, C’era Togliatti, et fait l’objet d’une importante exposition personnelle au Palazzo Fabroni. En 2018, American Voyage. Photographs by Mario Carnicelli est publié par RAP London.
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Mario Carnicelli et Viviane Esders (© Pierre Gelin-Monastier)