Juriste, conseillère à la culture de Jean-Paul Huchon, actrice ou encore écrivaine, Rachel Khan vient de publier un essai intitulé Racée (Éditions de l’Observatoire) dans lequel elle dit refuser toute assignation identitaire et victimaire.

Revue de presse

Fille d’un père gambien et d’une mère française d’origine juive polonaise, Rachel Khan revient, dans un entretien avec Simon Brunfaut publié dans le journal belge L’Écho, sur les notions d’identité, d’intersectionnalité, de victimisation, d’émancipation…

Extraits.

Vous avez déclaré : « On ne peut pas être artiste en étant racisé. » Que voulez-vous dire par là ?

Être artiste, c’est être en quelque sorte mutant. Un artiste ne peut pas rentrer dans une case, être assigné. Lorsqu’on lui dicte ce qu’il a à créer, à dire ou à penser, en fonction de son « identité », on l’enferme. Aujourd’hui, j’ai l’impression hélas que de nombreux artistes répondent à ces facilités identitaires. Le rôle de l’artiste est de penser autrement pour que la société change : il n’a pas à obéir à une idéologie. Mais toutes ces idéologies sont aujourd’hui tellement puissantes qu’elles ont tendance à happer les créateurs. […]

Pour faire face à ce langage formaté, vous mobilisez des « mots réparateurs ». Quel est le pouvoir des mots ?

Dès l’enfance, il faut être sensibilisé à la poésie. Un poème peut faire vibrer des choses en nous. Mais cela s’apprend. Le problème est que les jeunes générations sont très souvent coupées de cette poésie. Il faut faire résonner les mots face au langage formaté qui n’éveille ni le désir ni l’envie de l’indicible. Nous devons retrouver la capacité de nous émerveiller en liberté. L’écrivain martiniquais Édouard Glissant pensait que nous venons tous du même poème et que la mission d’un artiste est d’aller à la recherche de ce poème originel.

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Lire l’entretien complet avec Simon Brunfaut sur le site du journal L’Écho.

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Crédits photographiques : Nattes à chat (Wikipedia / CC BY-SA 4.0)