Notre éternel râleur, l’acteur et scénariste Jean-Pierre Bacri est mort hier, lundi 18 janvier, à l’âge de 69 ans, des suites de son cancer. Connu pour sa longue collaboration avec Agnès Jaoui,  il a reçu, au cours de ses quarante années de carrière, quatre César du meilleur scénario original, un César du meilleur second rôle et deux Molière.

Retour sur la vie et la carrière d’un grand nom du cinéma français, en sept petites anecdotes cinématographiques.

1/ Du théâtre au cinéma

L’inséparable duo Bacri/Jaoui a écrit ensemble plusieurs pièces de théâtre à succès, notamment Cuisine et dépendances et Un air de famille, qui ont par la suite été adaptées par eux-mêmes pour le cinéma.

Dans Un air de famille, réalisé par Cédric Klapisch en 1996, ce sont exactement les mêmes comédiens qui incarnent leurs rôles respectifs dans la pièce et dans le film adapté.

Avec 2,5 millions d’entrées, le film est un immense succès en France. Jean-Pierre Bacri obtient à cette occasion son deuxième César du meilleur scénario, trois ans après Smoking/No Smoking réalisé par Alain Resnais.

2/ Un excellent chanteur

Dans l’avant-dernier film de l’acteur, Place Publique, sorti en 2018, réalisé par Agnès Jaoui et co-écrit avec Bacri, la cinéaste a enfin réalisé un de ses fantasmes : faire chanter Bacri à l’écran. Trouvant qu’il a une très belle voix, elle le fait reprendre la très célèbre chanson Les feuilles mortes écrite par Jacques Prévert, qui fait directement écho au sujet du film : le temps destructeur qui passe.

« Et à un moment, j’ai réentendu Les Feuilles mortes et je me suis dit : Quelle chanson dingue, qu’est-ce que j’aimerais la mettre dans un film. » (Agnès Jaoui)

3/ On connaît la chanson : Bacri, amateur de hip hop

Dans le décalé On connaît la chanson, réalisé par Alain Resnais en 1997, de nombreux acteurs, dont Jean-Pierre Bacri, s’amusent à reprendre des grands classiques de la chanson française en playback.

Bacri, particulièrement amateur de hip hop, désirait à tout prix que son personnage chante une chanson du groupe NTM. Mais malheureusement, le groupe n’a pas donné son accord…

4/ Bacri et son refus de réalisation

Si Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui ont coécrit ensemble neuf scénarios de long-métrage et joué dans la plupart, le premier s’est toujours refusé à la réalisation.

Pour l’adaptation cinématographique de Cuisine et dépendances, la production Gaumont avait pourtant proposé la réalisation à Jean-Pierre Bacri en premier lieu, avant de finalement la confier à Philippe Muyl. Et si tous les acteurs du film (Agnès Jaoui, Jean-Pierre Darroussin, Sam Karmann et Zabou Breitman) s’y sont essayés par la suite, la réalisation n’a jamais tenté Jean-Pierre Bacri.

« Un scénario, c’est déjà un énorme de travail, confie-t-il. Pour Le goût des autres par exemple, ça a été un an et demi d’écriture acharnée. Dans ma conception personnelle du bonheur, c’est une absurdité de travailler trop. J’ai besoin de temps pour la contemplation, la paresse. Alors je laisse la réalisation à d’autres et je leur fais une confiance aveugle. »

5/ Un Bacri plus vulnérable

En 2015, après de nombreuses propositions infructueuses, le réalisateur Michel Leclerc arrive enfin à convaincre Jean-Pierre Bacri de tenir le rôle principal de son film La vie très privée de Monsieur Sim.

Avec ce rôle de personnage dépressif, Michel Leclerc voulait présenter un autre visage de Bacri, plus vulnérable : « Il a d’un côté cette pudeur et de l’autre cette fragilité, cette part d’enfance qui affleure, et plus il vieillit, plus on lit la moindre émotion sur son visage, son moindre battement de cil parle. Par ailleurs, j’ai le sentiment que ce rôle-là pouvait l’amener vers autre chose : le film commence sur un Bacri plus habituel et évolue vers un personnage courtois, affable avec les autres, et surtout vulnérable. »

6/ Le petit coup de pouce de Bacri

Jean-Pierre Bacri et Alain Chabat sont amis de longue date. Ils ont travaillé ensemble sur Didier en 1997 et sur Le goût des autres en 2000.

Pour Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Jean-Pierre Bacri prête sa voix au narrateur du film. Il a même aidé Chabat au montage : « J’ai montré un premier montage du film à Jean-Pierre, explique le réalisateur, et il m’a rajouté deux, trois blagues, gratos. »

7/ Au bout du conte : une histoire de mort annoncée

Dans Au bout du conte, co-écrit avec Bacri et réalisé par Agnès Jaoui en 2013, un personnage croise à un enterrement Madame Irma qui lui rappelle la date de sa mort prochaine, annoncée quarante ans plus tôt. Cette séquence s’inspire directement d’une expérience vécue par Jean-Pierre Bacri lorsqu’il avait quinze ans : un homme lui a prédit la date de sa mort.

Même si Bacri se revendique comme étant un grand rationaliste, il admet que cette étrange rencontre lui est toujours restée en mémoire.

Maïlys GELIN

 

 

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