C’est probablement le divertissement familial de la rentrée cinématographique ! Film d’animation mené à toute allure, Spycies reprend de manière parfois trop rigide les codes étroits du thriller policier classique, en y apportant de fortes doses d’humour et d’efficacité.
Synopsis – Un duo fantaisiste d’agents secrets, composé de l’exigeant mais rebelle Vladimir et d’Hector le geek bêta, tient le sort du monde entre ses pattes : à la suite du vol de la radiésite, matériau classé top secret sur une plate-forme offshore, le tandem devra sauver la planète d’une menace climatique au cours de son enquête, menée tambour battant !
Empruntant totalement au genre du thriller policier, Spycies reproduit ces innombrables « films de potes » associant un duo de personnages improbables, en l’occurrence ici deux enquêteurs – un chat et un rat –, dans l’esprit de L’Arme fatale et avec l’humour de Rush Hour. Les codes sont exactement les mêmes : les héros sont tels qu’on les attend, le méchant final est totalement prévisible (qui a vu le premier Rush Hour, L.A. Confidential, Le Négociateur, Minority Report et quantité d’autres films de ce genre savent de quoi il est question ici)…
Il n’empêche que, à défaut d’une écriture sans surprise, nous y trouvons notre compte de plaisir visuel. L’animation et le dessin sont particulièrement réussis, notamment les décors les plus sombres, presque apocalyptiques, de la plate-forme maritime et des sous-sols de l’hôpital.
Depuis plusieurs années, le dessin animé connaît une évolution facilement identifiable : la césure bien définie entre le bien et le mal a laissé place à des enjeux métissés. La Reine des Neiges et Zootopie (dessin animé auquel Spycies fait évidemment penser par endroits) ont initié ce que Spycies exploite pleinement, à savoir un jeu avec les codes des films pour adultes, qui visent à nous duper plus qu’à susciter l’imaginaire. La stratégie méthodique et l’énigme systématisée sont ainsi favorisées au détriment de la simple aventure empirique. C’est pourquoi nous aurions tendance à ne pas recommander ce film aux enfants de moins de neuf ou dix ans.
Dans un thriller, le sens est généralement saturé, si bien que le film n’ouvre pas sur autre chose que ce qui est montré. C’est le cas avec Spycies, qui n’ouvre sur aucun imaginaire libre mais déploie une logique mécanique. Nous gagnons en suspense ce que nous perdons en poésie – qui affleure pourtant ici ou là dans le dessin animé, sans que le réalisateur Guillaume Ivernel ne lui laisse le temps de s’épanouir, lui préférant une efficacité d’humour et d’action que révèle d’emblée le titre (les mots anglais spy et spicy voulant respectivement dire en français « espion » et « épicé »).
L’humour en effet, bien que parfois attendu, fonctionne cependant bien, le côté déluré trouvant souvent une expression artistique adéquate par l’animation du dessin. On retiendra le serpent-dragon caféiné, particulièrement sympathique.
Pierre GELIN-MONASTIER et Pauline ANGOT
Guillaume Ivernel, Spycies, France – Chine, 2019, 90min
Sortie : 26 août 2020
Genre : drame
Classification : tous publics
Voix : Monsieur Poulpe, Davy Mourier, Paul Born, Christophe Lemoine, Aurélie Konaté, Karine Foviau, Xavier Fagnon, Antoine Schoumsky, Caroline Combes, Jérémy Prévost
Idée originale et directrice : Zhiyi Zhang
Création des personnages : Valérie Hadida
Directeur de production : Maxime Delorme
Scénario : Stéphane Carraz, Michel Pages, Zhiyi Zhang
Dialogues : Davy Mourier
Montage : Benjamin Massoubre
Direction artistique : Audrey-Anne Bazard
Studio previs : Les Androids Associés
Studio d’animation : Jungler
Studio : FX Luc Populi VFX
Production : Iqiyi Pictures, Tianrui Paiming culture media, Luc Populi Production, Chase film, Luc Populi VFX
Distribution : Eurozoom
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