À trop vouloir chercher l’originalité formelle, Technoboss se perd complètement dans les méandres d’une loufoquerie sans direction ni intérêt.

Le film sort en avant-première sur les sites de Shellac et UniversCiné, du vendredi 22 mai au dimanche 24 mai. Le dimanche à 19h, une séance spéciale en salle virtuelle aura lieu sur la 25eheure.com, suivie d’une rencontre avec João Nicolau. Technoboss sortira le 27 mai en VOD sur toutes les plates-formes, ainsi qu’en salle virtuelle sur La 25e Heure et La Toile VOD.

Synopsis – La retraite arrive bientôt pour Luís Rovisco, un directeur des ventes excentrique au moral inébranlable. Les chansons qu’il invente tous les jours résolvent à chaque fois les obstacles qu’il rencontre dans sa vie tumultueuse. Mais devant Lucinda, la réceptionniste de l’hôtel Almadrava, il se retrouve à chanter sur un air bien différent…

Bienvenue dans un désert des Tartares cinématographique, où le spectateur est mis dans la situation de Giovanni Drogo, héros du roman de Dino Buzzati, espérant un quelconque dénouement qui donnerait du sens au moment vécu. Hélas, dans le présent cas, il n’y a pas d’ennemi surprenant, il n’y a même pas de surprise : l’attendu n’existe pas.

Le réalisateur portugais João Nicolau nous donne à voir un objet insolite et inattendu, à l’image de son tout premier long-métrage, L’épée et la rose, qui mélangeait déjà allègrement les genres sans donner la moindre apparence sinon de sens, du moins de direction. Nous naviguons de concept en idée, dans un esprit de déconstruction et d’enchevêtrement qui laisse perplexe.

L’idée de prendre un acteur amateur ne sachant pas réellement chanter (ce qu’il fait beaucoup dans le film) n’était pourtant pas si mauvaise, cassant a priori les codes d’un esthétisme d’emblée surfait. Le septuagénaire Miguel Lobo Antunes, ancien directeur de l’Institut du film portugais mais acteur débutant, tire d’ailleurs assez bien son épingle de ce jeu improbable.

Mais à force de tout démanteler, on assiste à une pseudo autocritique qui n’est qu’un petit jeu sans conséquence, ni intérêt. Technoboss regorge de trouvailles loufoques, qu’on aurait pu accueillir positivement si elles n’étaient pas appréhendées de loin, de très loin.

On sent que João Nicolau veut nous dire quelque chose, ou qu’il veut que l’on sache qu’il veut dire quelque chose, ou qu’il veut que l’on pense qu’il veut que l’on sache qu’il veut nous dire quelque chose… Nous tournons en rond, pendant près de deux heures. Quantité de scènes se déroulent dans la voiture et nous avons pourtant l’impression que l’intrigue ne se met jamais en mouvement, comme inerte.

Nous sommes tel le héros de la première scène, attendant impatiemment la dépanneuse tout au long du film. João Nicolau nous déconnecte du réel pour nous plonger dans un univers grotesque dans lequel nous n’éprouvons rien, nous ne comprenons rien, nous ne ressentons rien, sinon que l’ennui croît à chaque minute. La photographie du film elle-même incarne ce décalage : Technoboss, tourné l’an dernier, ressemble à un film qui aurait mal vieilli, sur le fond comme sur la forme.

Pierre GELIN-MONASTIER

avec Pauline Angot et Marie-Claude Gelin

 

 



João Nicolau, Technoboss, Portugal, 2019, 112mn

Sortie e-cinéma : 27 mai 2020
Genre : comédie dramatique
Classification : tous publics

Avec Miguel Lobo Antunes, Luisa Cruz, Américo Silva, Sandra Faleiro, Tiago Garrinhas, Ana Tang, Jorge Andrade, Duarte Guimaraes, Matias Neves, José Raposo, Mick Greer, Bruno Lourenço.
Scénario : João Nicolau
Image : Sir Mario Castanheira
Musique : Pedro Da Silva Martins, Noberto Lobo, Luis José Martins
Montage : Alessandro Comodin, João Nicolau

Production : O Som E A Fúria (Miguel Perdigão)
Coproduction :
Shellac Sud (Thomas Ordonneau)
Distribution : Shellac

En savoir plus sur le film avec notre partenaire CCSF : Technoboss

 



Découvrir toutes nos critiques de films