The Last Tree, du réalisateur Shola Amoo, sort aujourd’hui, jeudi 25 mars, exclusivement en VOD sur Universciné, Orange, Itunes, Google ou encore Amazon. Un film simple et sincère, porté par une narration descriptive assumée.

Synopsis – Jeune britannique d’origine nigériane, Femi a connu une enfance heureuse en famille d’accueil dans la campagne du Lincolnshire. Quand il doit tout quitter pour aller vivre avec sa mère biologique dans un HLM à Londres, c’est un vrai déchirement. Entre les codes culturels de sa mère qui lui sont étrangers et ce nouvel environnement citadin difficile, Femi doit déterminer quel genre d’adulte il veut devenir.

Second long-métrage du réalisateur britannique d’origine nigérienne, Shola Amoo, The Last Tree suite la douloureuse quête identitaire d’un jeune homme ballotté entre les mondes, les cultures et les familles – dans ce monde qui favorise à échelle industrielle la production de tribus composées et décomposées, au détriment systématique des enfants, ces moitiés d’hommes dont la parole ne saurait être sinon crédible, du moins audible.

Trois parties composent cette œuvre : l’enfance heureuse dans le Lincolnshire puis tourmentée à Londres ; la jeunesse houleuse dans les cités, entre vie de gang et désir universitaire ; les courtes retrouvailles avec le pays, la terre maternelle, et le père, dans l’étourdissante ville de Lagos. Les premières minutes du film nous font craindre le pire, avec un jeu assez plat, de (trop) nombreux ralentis recouverts de musique pour nous forcer à ressentir la joie, l’insouciance, tout en nous préparant de manière bien ostentatoire à vivre la séparation, donc la souffrance du jeune héros… Au fur et à mesure néanmoins, le film trouve une épure, un langage visuel qui lui est propre et, surtout, une œuvre sonore qui lui confère une véritable originalité.

Certes, de nombreuses scènes sont prévisibles, de la relation de l’enfant (Tai Golding) avec sa mère (Gbemisola Ikumelo) jusqu’à celle qui l’unit jeune gomme (Sam Adewunmi) à son professeur (Nicholas Pinnock). Il n’y a rien que le spectateur ne peut prévoir, tant les enjeux sont connus et rebattus au cinéma. Même l’issue – le droit chemin plutôt que le gang – nous est livrée avec les premières images du film : en un tel enfant ne saurait jamais croître un cœur foncièrement mauvais.

Cette prévisibilité tient à la dimension probablement autobiographique de cette œuvre : le réel bride souvent l’imaginaire. Il est dans le même temps ce qui rend touchant le récit. Nous vivons le drame récent de toute une immigration africaine, aux racines arrachées et à l’avenir nébuleux, notamment grâce à un Sam Adewunmi totalement crédible dans un rôle parfois mutique. Cela pourrait s’apparenter aux drames sociaux réalisés par Ken Loach ou les frères Dardenne, la sobriété en moins ; Shola Amoo aime les effets, quitte à en user jusqu’à circonscrire la liberté du spectateur.

The Last Tree, sélectionné en compétition officielle aux festivals de Sundance (2019) et Dinard (2019), garde, en dépit de toute sa prévisibilité énoncée, un mystère de bout en bout : son titre. Quel est ce dernier arbre dont il est question ? Est-ce une légende transmise de génération en génération, le clin d’œil d’un réalisateur à sa mère ou une référence commune à tout un peuple ? Est-ce la part que l’auteur ne saurait livrer par le truchement d’une narrativité linéaire ? Peut-être est-ce cette part que, précisément, nous aurions attendu dans cette histoire simple, sincère et descriptive, comme un arrière-pays qui ne révèlerait pas totalement son secret.

Pierre GELIN-MONASTIER



Shola Amoo, The Last Tree, Royaume Uni, 2019, 1h40
Avec Sam Adewumni, Gbemisola Ikumelo, Denise Black, Nicholas Pinnock, Tai Golding
Distributeur : Destiny Films

FESTIVALS :
Dinard Film Festival 2019 – Compétition officielle
Haifa International Film Festival 2019 – The Golden Anchor Competition
Istanbul International Independent Film Festival 2019
Seville European Film Festival – Séance spéciale
Sundance Film Festival 2019 – Compétition officielle
Thessaloniki International Film Festival 2019