Ville alsacienne à la riche histoire spirituelle et artistique, Wissembourg vient d’inaugurer une double micro-folie, l’une fixe et l’autre nomade. Grâce aux technologies numériques, la commune souhaite proposer un accès toujours plus rapide et direct aux œuvres qui ont marqué l’humanité.

Située le long de la Lauter, petite rivière qui prend sa source en Allemagne et se jette dans le Rhin, Wissembourg est une commune frontalière de près de 8 000 habitants, à l’extrême nord-est de l’Alsace, ouvrant sur le parc naturel régional des Vosges du Nord.

Une riche histoire spirituelle et artistique

Avant, bien avant de devenir une importante sous-préfecture et de constituer l’arrondissement de Haguenau-Wissembourg, il y a des siècles de cela, Wissembourg fut d’abord et avant tout une abbaye bénédictine, un lieu de prière et de travail (« prie et travaille »), autour de laquelle s’est constitué un village.

Au fil des siècles, la commune connut une influence variable, accueillant notamment le roi polonais Stanilas Leszczyński en exil, de 1719 à 1725, ou encore le jeune Charles de Foucauld, durant sa prime jeunesse. Mais la ville est surtout connue pour son rayonnement littéraire et musical.

C’est à Wissembourg que Jean-Frédéric Wentzel fonde en 1831 ce qui allait devenir la fameuse imprimerie Wentzel, à la qualité lithographique reconnue, produisant un grand nombre d’images populaires – à l’instar d’Épinal, restée célèbre à ce sujet. C’est également à Wissembourg que s’est installé, jusqu’à sa mort en 2006, l’écrivain multi-primé de science-fiction Jean-Pierre Hubert. Wissembourg a enfin donné naissance au compositeur français André Bloch (1873-1960), ainsi qu’au musicien et chef d’orchestre allemand Oskar Joost (1898-1941).

Depuis, Wissembourg n’a de cesse de faire fructifier son héritage artistique, en le renouvelant : accueil en résidence de compagnies (Facteur Communs entre 2015 et 2020 ; la compagnie strasbourgeoise Médiane, fondée en 1984 par Catherine Sombsthay et spécialisée dans le théâtre d’objets, en 2021), contrat territoire-lecture qui vise à développer la lecture et à multiplier des actions en ce sens, notamment auprès de la jeunesse…

Un virage numérique : l’entrée dans la modernité

Autre volet de la politique culturelle mise en place par la ville : le numérique. C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’inauguration d’une double Micro-Folie, concept né par la Grande Halle de la Villette et décliné depuis partout en France.

Si le ministère et ses DRAC parlent encore – hélas ! – de « démocratiser l’accès à la culture », faisant fi de l’humanité des êtres singuliers qui sont porteurs d’une culture à part entière, il reste que l’enjeu d’une Micro-Folie est de proposer, avec le soutien des technologies numériques, des contenus donnant un accès rapide aux œuvres artistiques qui ont marqué l’histoire de l’humanité.

Wissembourg a choisi d’accueillir non pas une, mais deux Micro-Folies : la première est fixe et la seconde, nomade. La Micro-Folie sédentaire, installée dans la médiathèque existante, propose un musée numérique, un FAB LAB, un espace de réalité virtuelle avec casques adaptés et une ludothèque. La Micro-Folie ambulante se concentre uniquement sur le musée numérique : elle consiste en la mise à disposition d’une trentaine de tablettes qui voyageront sur le territoire intercommunal et dans le Landkreis Südliche Weinstrasse, afin de renforcer les liens avec l’Allemagne limitrophe.

La création de ces équipements a bénéficié d’un soutien de la part de l’État, dans le cadre d’un appel à projets déployé par le Secrétariat général pour les affaires régionales et européennes (SGARE).

Vanessa LUDIER

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